Une cure de réalisme… avec sa mère
Publié par Axelle De Brandt | Date : 2016-02-19 | Catégorie : Les Relations
Ce weekend, j’ai participé avec bonheur au Stage Ma Mère est une Personne.
Parler de la ‶mère″, qu’on le soit soi-même, qu’on soit fille/fils de sa mère toujours présente, déjà partie, absente, ou plus exactement parler de sa relation avec sa mère, c’est entrer dans un monde dans lequel on oscille entre des évidences tellement simples et des subtilités tellement complexes. Pourtant, cela pourrait devenir tellement ‶simple″… Cela ne vaut pas dire que ce soit facile.
C’est vrai que cette relation est unique.
Vivre 9 mois dans le ventre de sa mère, c’est un lien exceptionnel qui ne se vit qu’une seule fois dans sa vie et avec une seule personne au monde. C’est un lien physiologique, émotionnel, énergétique, bien réel et aussi rempli d’imaginaire. Ce lien unique de la relation mère/enfant en devient presque sacré mais pas toujours très réaliste, quel que soit l’âge des 2 protagonistes. Comme vous le savez, on reste l’enfant de sa mère… toute sa vie.
Je m’explique.
Qui n’a pas entendu ou dit des phrases du genre:
- Elle (ma mère) pourrait/devrait quand même me comprendre (ou une variante: essayer de me comprendre).
- Elle n’accepte pas qui je suis.
- Elle est toujours dans le jugement. Ce n’est jamais bon ce que je fais, ce que je dis, comment je m’habille, comment j’élève mes enfants.
- Elle pourrait quand même se rendre compte de ce qu’elle m’a fait (dans telle situation) et me rendre justice.
- Si cela ne tenait qu’à moi, je…
Derrière ces phrases, il y a parfois de la colère, de la rage, parfois de la tristesse ou de la résignation, exprimée ou pas. En tout cas, c’est toujours une expérience désagréable: on se sent blessé(e), on se sent victime d’une injustice, on se sent incompris(e), pas aimé(e),… Et on voudrait que les choses changent, qu’elles soient différentes. Mais la plupart du temps, on croit que c’est notre mère qui doit changer, c’est quand même elle qui ne me comprend pas, qui ne m’accepte pas, qui… En d’autres mots, le problème est chez elle et on attend, on espère qu’un changement va se produire chez elle, qu’elle va enfin me comprendre, enfin m’accepter, enfin m’aimer pour qui je suis vraiment.
Sans doute qu’une partie du problème est chez ma mère mais ce qui est sûr, finalement, c’est que c’est moi qui en ai fait un problème et c’est ce problème-là qui a comme effet que l’expérience que je vis avec ma mère n’est pas chouette, voire carrément difficile, insupportable.
Il peut y avoir 2 solutions: soit je décide de ne plus voir ma mère (mais cela ne change rien au problème que je vis), soit je décide de faire en sorte que l’expérience que je pourrais vivre avec ma mère devienne chouette.
Pourquoi ne pas envisager alors une cure de réalisme avec sa mère…?
Vouloir que ‶ma mère me comprenne″, que ‶ma mère m’aime, c’est quand même ma mère″, que ‶ma mère m’accepte tel(le) que je suis et pas selon ses critères″,… équivaut à avoir une attente sur elle: qu’elle soit différente, qu’elle change, bref qu’elle ne soit plus qui elle est.
Le sens même d’une attente sur quelqu’un est ‶mon bien-être, mon bonheur dépend de l’autre″, ce qui n’est pas une bonne idée et surtout, cela ne marche pas…
Ce qui est cocasse dans cette relation, c’est que, si on est énervé(e) par l’attitude de sa mère (incompréhension, jugement, désintérêt) et qu’on voudrait qu’elle change, c’est que, soi-même, on n’accepte pas sa mère comme elle est: ‶c’est ma mère, elle pourrait quand même m’accepter, me comprendre, arrêter de toujours me juger″. Mais non, elle n’en est pas capable.
Pourquoi?
Car son attitude découle de son système de croyances. En effet, il ne faut pas oublier qu’une mère avant d’être une mère, même si parfois elle a tendance à l’oublier, est une personne avec son filtre, ses valeurs, ses besoins, son système de croyances qu’elle s’est construit durant sa petite enfance au gré de son éducation et même avant au fil de ses expériences. On peut supposer que cette personne aura des croyances harmonieuses mais aussi des croyances disharmonieuses. Le fait de devenir mère ne va pas transformer de façon automatique, comme par un coup de baguette magique, ces dernières en croyances harmonieuses. Donc, devenir mère ne fait pas devenir ‶maître réalisé″ mais cette mère sera toujours cette personne qui a plein de trucs tordus dans sa tête, comme chacun de nous et qui fera de son mieux pour ses enfants, mais toujours en fonction de son système de croyances et toujours avec de bonnes intentions.
Si cette maman prend conscience que les choses ne se passent pas bien pour elle, pour ses enfants, qu’elle veut comprendre le pourquoi, et surtout qu’elle veut faire un travail pour créer quelque chose de plus harmonieux dans sa famille, tant mieux… mais si elle ne le fait pas, c’est qu’elle n’en est pas capable, en tout cas pas pour le moment, et peut-être qu’elle ne le sera jamais…
La première chose à faire, c’est de devenir soi-même capable
- d’être dans une attitude d’acceptation inconditionnelle vis-à-vis de sa mère, ou plus exactement de cette personne qui est aussi ma mère, même si elle n’a jamais pu l’être envers nous
- de laisser l’autre libre d’être qu’il est, même sa mère
- et de se sentir libre par rapport aux remarques, aux jugements, aux attentes de l’autre, même de sa mère.
Ce n’est pas évident mais, je crois, indispensable et c’est certainement le plus beau cadeau, le plus beau geste d’amour qu’on puisse donner.
Donc, une cure de réalisme avec sa mère serait
- de partir de ce qui existe: par exemple « Ma mère ne va jamais changer, ou en tout cas pas pour le moment »
- et de voir ce qu’il est possible de faire en travaillant d’abord ce qui est sous ma responsabilité: être dans l’acceptation, me sentir libre par rapport à son attitude, ses attentes, ses jugements. Mon propre changement aura peut-être des effets positifs sur ma mère, ou pas. Et si, malgré tout, une relation harmonieuse n’est pas possible, il faut alors envisager d’y mettre un terme…
Il ne faut pas non plus oublier que, si je vis une expérience désagréable avec ma mère (se sentir incompris(e), blessé(e), humilié(e), pas accepté(e)), c’est toujours un message à propos d’une décision désalignée que moi j’ai prise à partir de croyances disharmonieuses (ou plutôt ‶dystropiques″, c’est-à-dire qui vont à l’encontre de la satisfaction de mes besoins fondamentaux). Le message est toujours à propos de moi et non de l’autre, qui n’en est pas la cause mais un simple déclencheur qui a éveillé quelque chose dans mon système de croyances, généralement une peur. Mais ceci pourrait être un bon sujet pour un autre article…
Tout ceci vaut bien sûr aussi pour son père, son frère, sa sœur, son patron, son/sa meilleur(e) ami(e)… et donc pour n’importe quelle relation…
Vous l’avez compris, si vous voulez aller plus loin que comprendre l’idée expliquée ci-dessus et arriver à faire l’expérience de cette cure de réalisme pour créer une nouvelle relation avec votre mère (ou en tant que mère…), je vous suggère avec enthousiasme de participer au Stage Ma Mère est une Personne avec Pierre Catelin. Le prochain aura lieu le weekend des 4 et 5 juin 2016.
Axelle De Brandt,
avec plaisir, et pour votre plus grand bonheur